Projet présenté par l’association Otéma TSA qui propose un programme innovant et à fort impact social sur le département du Tarn.
Animation test dans une classe ULIS, Collège de Rabastens
Le projet
Ce projet est né de la rencontre des deux responsables de MIMBUS et de OTÉMA TSA. D’un côté une discussion sur la situation catastrophique de l’emploi des personnes avec autisme et de l’autre un secteur industriel qui peine à recruter de la main d’œuvre. Une seule question pourrait donc résumer cet échange : Et si nous encouragions des vocations de personnes handicapées et autistes dans un secteur délaissé par les jeunes ?
En effet, la question de l’orientation est une préoccupation majeure des jeunes et des familles. Elle l’est encore plus lorsque vous êtes parents d’un enfant handicapé cognitif ou mental. Tous vous diront que le devenir de leurs enfants après leur disparition est une question essentielle qui les hante de leur vivant. Que ce soit sur la question du logement ou de l’insertion professionnelle, tous souhaitent que leurs enfants jouissent d’une certaine autonomie pour s’insérer au mieux dans la vie sociale. Cette autonomie est fortement liée à leur insertion professionnelle et à un accompagnement de qualité.
Aujourd’hui la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel est un véritable levier d’innovation sur ce champ de l’orientation et c’est tout l’objet de ce projet. Car l’idée est assez simple, c’est répondre à des aspirations pour toutes les personnes sans exception. Cette loi élargit le champ des possibles pour des personnes qui habituellement sont enfermées dans des métiers de services en milieu protégé (blanchisserie, conditionnement, espaces verts, nettoyage de bâtiment…)
Qu’elle soit handicapée mentale ou cognitive, la personne a la possibilité d’exprimer des envies et a le pouvoir de décider pour lui-même avec le soutien de sa famille. L’association Otéma TSA œuvrant pour les personnes avec autisme il est donc tout naturel qu’elle s’intéresse à cette partie de parcours de vie. Et cette question est essentielle pour son président qui par le passé fut confronté à cette difficile période de l’orientation pour un adolescent qui ne savait pas quoi faire de sa vie professionnelle. « J’ai été orienté en cycle court après la troisième, ce fut un échec total, je n’ai obtenu aucun diplôme, ni CAP ni BEP. Et pourtant quelques années plus tard, après avoir fait plusieurs petits boulots j’ai obtenu avec l’enseignement à distance un baccalauréat puis une maîtrise en sociologie. Pour « tordre le cou » aux professeurs qui disaient que j’étais incapable de pratiquer les mathématiques et qui m’ont envoyé en cycle court, j’ai aussi obtenu un diplôme en traitement d’images satellites et en Système d’Informations Géographique. Le champ des possibles je me le suis construit tout seul parce que dans les années 80 il n’y avait pas de maison de l’orientation, il n’y avait pas de simulateurs de métiers qui pouvaient faire un premier tri de ce que je voulais faire ou ne pas faire. Il fallait tester en présentiel et si ça ne correspondait pas vraiment à votre choix il fallait quand même faire l’effort d’y rester. »
OF2i propose donc de déterminer les appétences des personnes handicapées sur des métiers de l’industrie et du bâtiment en tension afin de les positionner et de les préparer à rejoindre des formations ou des entreprises. Cet objectif sera atteint en rencontrant les personnes fréquentant les classes ULIS des collèges et lycée du Tarn. Ces jeunes sont orientés dans ces classes par une orientation MDPH et sont généralement reconnus comme travailleurs handicapés à l’issue de ce parcours.
La qualité de ce projet repose sur une innovation technologique, une mallette itinérante capable de proposer plusieurs métiers par l’usage de la réalité virtuelle. Cette mallette peut être déployée dans n'importe quel endroit et peut être opérationnelle en 10 minutes. Cette innovation est portée par l’entreprise Mimbus, spécialisée dans l’édition et la distribution de logiciels de formation professionnels immersifs. Créée en 2011, cette entreprise propose des systèmes de formation innovants basés sur les nouvelles technologies dont la Réalité virtuelle (VR). C’est une entreprise à forte croissance qui assure un développement de ses solutions dans le monde entier. Les applications présentées sont des environnements de formation reproduisant des situations de travail réaliste. Leurs clients sont principalement des centres de formation sur lesquels nous pourrons nous appuyer pour l’insertion et l’essaimage du dispositif (AFPA, CFA, Lycées techniques, GRETA), des grands comptes et des Ministères de l’Education ou du travail en France comme à l’étranger.
Les technologies présentes dans la mallette apportent des solutions qui assurent un environnement d’apprentissage sécurisé, adapté et complémentaires aux dispositifs de formation existants.
Caractère innovant du projet
Depuis 2005 le développement soutenu de l’inclusion scolaire en milieu ordinaire fait apparaître des besoins à prendre en compte pour garantir l’insertion professionnelle et le droit des jeunes handicapés. Ce constat permet de poser diverses questions :
Quelle orientation après un ULIS collège ? Quelle formation s’offre au jeune ? Est-ce que la formation est proche de son domicile ? Est-il autonome dans ses déplacements ? Quels sont les métiers proposés ? …
En général il est proposé de visiter différents centres. Selon les capacités et l’autonomie du jeune il est envisagé la possibilité d’accéder à :
- Un ULIS PRO
- Un apprentissage par la voie classique
- Un IME PRO
Pour certains, en général les jeunes autistes ces solutions sont difficilement envisageables. Par expérience, le Président de Otéma TSA est confronté avec son fils de 16 ans à cette difficulté. Le coordonnateur ULIS explique d’ailleurs que ce « sans solution » a été constaté plusieurs fois depuis sa prise de poste. Ce n’est pas un hasard si des PCPE spécifique aux jeunes autistes de plus de 16 ans sont en cours de création sur divers départements notamment dans le Tarn. C’est donc bien un manque de solutions constaté pour ce handicap particulier.
Lors d’une orientation classique d’un jeune sortant d’ULIS, la palette des métiers proposés n’est pas très variée. Ils concernent ceux du bâtiment, des espaces verts, blanchisserie, Agent polyvalent de restauration et quelques autres. Il sera intéressant de mener une réflexion sur le choix de l’enfant et de la famille vis-à-vis à ce répertoire des métiers proposés. Il n’est pas très difficile d’avancer que ce n’est pas forcément un choix mais plutôt une mise en situation selon les places disponibles dans des établissements qui valident généralement l’orientation par une découverte de la structure pendant quelques jours. Est-ce que le jeune a réellement testé les métiers ? Est-ce un choix par envie ? Ou est-ce un choix déterminé par une structure qui limite les capacités des personnes à quelques métiers ? Autant de questions qu’il serait intéressant d’étudier mais le projet n’a pas vocation à mener une étude. Il est plutôt basé sur l’expérimentation par le jeune. Et c’est tout le paradigme qui est inversé ici. Le projet offre à la personne de tester ses capacités sur des métiers qu’il n’aurait pas eu l’occasion de réaliser en situation réelle. Peu importe si par la suite il ne fait pas soudeur mais les capacités qui auront pu être détectées avec le simulateur permettront de l’orienter vers d’autres métiers dont une compétence recherchée est par exemple la dextérité. C’est tout l’enjeu de ce projet, élargir le champ des possibles à des personnes qui restent enfermées sur des métiers exercés non pas par choix mais parce qu’une structure ne peut pas proposer autre chose. Ce projet est une proposition d’implication de la personne concernée par son avenir sur son parcours d’insertion. C’est porter une véritable attention sur la sortie d’une formation initiale (classes ULIS) et la transition de statut « jeune adolescent handicapé » à « jeune adulte handicapé ».
Le projet apporte des nouveautés dans l’orientation en permettant :
- Un gain de temps
- La possibilité d’explorer de nouveaux métiers
Le projet permet de positionner la personne selon ses capacités lors des tests grâce à Vulcan. Le pourcentage de réussite permet de valoriser ou non une capacité. Il offre plusieurs avantages non observés par ailleurs :
- C’est élargir le choix des possibles en quelques heures et permettre à la famille et à la personne de valider ses choix
- C’est la possibilité de présenter les différentes applications métiers au domicile de la personne avec la présence de la famille
- L’utilisation de la VR est une innovation au service d’un parcours de vie qui se démarque des procédés d’orientation classique.
- C’est gagner du temps, en quelques heures la personne peut tester ses capacités. Une procédure d’orientation classique propose divers stages, nécessite des prises de contact, l’acceptation de structures d’accueil, une nouvelle organisation de la personne sur une durée plus ou moins longue…
- C’est la possibilité d’explorer plusieurs métiers en quelques heures.
D’autre part, le projet répond à un double enjeu pour faciliter l’insertion : orientation et formation (apprentissage du métier)
Les modules proposés par Virtual Indus regroupent des compétences procédurales, d’analyse des risques ou encore de calcul. Ces compétences, comme celles évaluées par WAVE NG, ne sont pas spécifiques et uniques aux métiers de l’industrie (Bâtiment, Agroalimentaire, Logistique, …).